Au détour d’une interview sur BFMTV, vendredi 19 juin, Christiane Taubira s’est mise à « rêver à une semaine de 32 heures », « pour avoir du temps pour se consacrer aux autres dans les associations, pour avoir le temps d'aller au musée, d'aller sur la plage, de déambuler, de marcher, de parler à ses voisins, d'aller en librairie, au cinéma, etc. ».
Il n’en a pas fallu plus pour que Valls en fasse un cauchemar.
Après avoir rapidement balayé le "rêve" de Christiane Taubira, il a asséné :
« Les Français, ce qu'ils veulent, c'est du boulot ». Chiche.
Cette réflexion lapidaire est un peu pitoyable, venant du premier ministre d’un président de la République qui avait promis, avec l'insuccès que l’on connait, l’inversion de la courbe du chômage.
2 927 000 chomeurs en mai 2012, 3 536 000 en avril 2015 soit + 609 000
De plus, Manuel Valls semble manquer de repères historiques. (Voir encadré plus bas) Ignorerait-il :
• Que la réduction du temps de travail a constamment été porté par le mouvement ouvrier d’un socialisme naissant, au sens de l’époque
• Que, dès les années 1830, la réduction du temps de travail devient une revendication syndicale. La journée de douze heures donne lieu à de nombreuses luttes sociales. A cette époque, on travaille quinze à dix-sept heures par jour.
• Que la revendication des huit heures apparaît en 1864 au sein de la Première Internationale et sera popularisée en France par le parti ouvrier de Jules Guesde.
• Que le congrès ouvrier socialiste, réuni en 1889 à Paris, décide d’inviter les travailleurs de tous les pays à organiser, chaque année, une journée revendicative internationale pour les 8 heures (qui deviendra le 1er mai).
Commentaire :
Chaque étape de la réduction du temps de travail a été un crève-cœur pour le patronat. Pour autant, du fait de la mécanisation et de l'évolution des techniques, cela n’a empêché, ni l'augmentation de la productivité et de la production, ni la constitution des grandes fortunes, financières, industrielles et commerciales.
N’en déplaise à Valls, le rêve de Taubira est une revendication d’une gauche qui ne se résigne pas.
N’en déplaise à Valls, les 32 heures, en quatre jours, l’utopie d’aujourd’hui, sera réalité de demain.
Cette revendication, cette utopie réaliste est tout à fait concevable, pour ne pas dire urgente, dans un pays ou ceux qui travaillent, effectuant une moyenne de 39,6 heures hebdomadaires, cohabitent avec 5 millions de demandeurs d’emploi.
Sur cette question, Valls a au moins raison sur un point : « Les Français, ce qu'ils veulent, c'est du boulot ». Vite